Biographie de Matoub Lounès
Livres et articles enrichissent la compréhension de Matoub Lounès, sa vie et son œuvre. Voici une synthèse biographique pour vous.
Né le 24 janvier 1956 à At Dwala, en Haute Kabylie, est un chanteur kabyle et militant de la cause berbère. À l'âge de vingt-deux ans, il enregistra son premier album intitulé "A yizem" qui fut un énorme succès. Lounès s'exprime dans ses chansons ouvertement contre le fascisme du pouvoir algérien et de la mouvance islamiste, ce qui lui valut plusieurs tentatives d’assassinat.
En octobre 1988, il reçut une rafale de kalachnikov tirée par un gendarme alors qu'il s’apprêtait à distribuer des tracts en faveur du soulèvement populaire parti d’Alger. Après une longue convalescence à l’hôpital à Alger puis à Paris, il reprit son mandole pour poursuivre le combat. Le 25 septembre 1994, il fut enlevé par des islamistes armés, sur la route de Taxuxt, qui lui firent subir une horrible torture psychologique en le traduisant devant un « tribunal islamique » pour le condamner à mort. Il ne fut libéré, quatorze jours plus tard, que grâce au soulèvement massif de la population kabyle qui menaça ses ravisseurs de « guerre totale ». Le 25 juin 1998, Lounès fut lâchement assassiné par des individus armés qui lui avaient tendu une embuscade à Tala Bunnan, non loin de son village, alors qu'il était au volant de sa voiture pour rentrer chez lui, accompagné de sa femme Nadia et de ses deux belles-sœurs.
Ses assaillants s’acharnèrent sur lui et ne lui laissèrent aucune chance ; on dénombrera soixante dix huit impacts de balles sur sa voiture. Alors qu’il était lui-même armé, il s'est battu jusqu'à la fin selon le témoignage de son épouse Nadia. À l'annonce de la funeste nouvelle, toute la Kabylie s’enflamme et des émeutes éclatent dans de nombreuses villes. Plusieurs morts ont été déplorés. A ce jour, ni les commanditaires ni les auteurs de cet odieux assassinat n’ont été inquiétés. La responsabilité du pouvoir algérien est communément admise en Kabylie.
Après vingt ans de carrière, Lounès laisse derrière lui trente quatre volumes avec deux cent cinquante titres ainsi que des chansons interprétées dans des commémorations ou des fêtes mais jamais enregistrées en studio. Son dernier album "Lettre ouverte au chef du gouvernement et à MM. les députés" sorti à titre posthume un mois après son assassinat, contient une parodie cinglante de l'hymne national algérien où « kassaman » devient « d aghurru » (trahison).
Lounès Matoub est plus vivant que jamais. Son chant et son noble combat ont conquis tous les peuples berbères d’Afrique du Nord, de la diaspora kabyle en Europe et en Amérique et bien au-delà. Nombre de ses chansons ont été reprises par des interprètes francophones et anglophones à travers le monde entier.
Lounès restera éternel !
Pour plus d'information sur Lounès Matoub, consultez notre page où nous répondons à quelques questions autour de la vie de notre regretté rebelle.